Le maire de l’arrondissement de Ville-Marie Benoit Labonté est engagé dans une lutte de pouvoir avec le maire de l’agglomération Gérald Tremblay. Ce dernier, appuyé par son parti d’Union Montréal, a proposé des amendements au projet de loi 22 qui lui donneraient des pouvoirs directs sur le centre-ville de Montréal (qui relève actuellement de l’arrondissement de Ville-Marie) et qui lui permettraient de nommer des conseillers exécutifs en plus des trois conseillers élus par les citoyens, ce qui lui assurerait un droit de veto. En réaction à cette tentative de prise de pouvoir qui réduirait à néant son autorité, Labonté a quitté le parti Union Montréal pour devenir le chef du parti d’opposition Vision Montréal.
Au Conseil de ville du lundi 28 avril 28, le PPU encadrant le Projet Griffintown a été adopté presque sans opposition. Durant l’assemblée, la journaliste du Devoir Jeanne Corriveau a observé un échange révélateur entre les deux maires en conflit, provoqué quand un citoyen a demandé pourquoi les consultations publiques sur le PPU du Quartier des Spectacles n’étaient pas confiées à l’OCPM, un organisme créé dans ce but et capable de mener des consultations impartiales et en profondeur?
« Plus tôt en soirée, le maire de l’arrondissement de Ville-Marie, Benoit Labonté, a annoncé son intention de demander au comité exécutif de confier l’étude du PPU du Quartier des spectacles à l’OCPM. L’arrondissement avait déjà indiqué qu’il tiendrait une séance de consultation publique locale le 5 mai prochain, mais le maire Labonté estime que l’ampleur du projet justifie que l’Office s’en mêle. D’autant plus, a-t-il tenu à préciser, que l’administration a fait savoir récemment qu’elle avait demandé à Québec d’amender la Charte de la Ville pour faire en sorte que tous les projets de développement d’envergure régionale soient automatiquement confiés à l’OCPM.
Sa demande a reçu un accueil glacial de la part du maire Gérald Tremblay: «C’est encore une autre astuce du conseiller Labonté pour retarder les échéances, sachant très bien que j’ai pris l’engagement de réaliser le Quartier des spectacles dans les plus brefs délais», a déclaré le maire. Malgré cette réponse, M. Labonté entend soumettre sa demande au comité exécutif le mois prochain. »
Cet incident ajoute un certain poids aux spéculations voulant que l’administration municipale ait présentement en chantier jusqu’à sept PPUs encadrant des projets de développement privés, et qu’elle ait décidé d’en écarter l’OCPM. Selon certains experts appelés à l’occasion par l’OCPM à conseiller la Ville, leur rôle est diminué, il n’y a pas de personnel à temps plein pour superviser les projets, et les ressources de la Ville en planification urbaine, jadis un solide bureau central de planification et de supervision, ont été éparpillées à temps partiel dans les arrondissements.
Un rappel : les élections municipales se tiendront le 1er novembre 2009.
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Ville-Marie borough mayor Benoit Labonté is in a power struggle with agglomeration mayor Gérald Tremblay. The latter, backed by his Union Montreal party, has proposed amendments to Bill 22 that would give Tremblay direct powers over downtown Montreal (instead of the Ville-Marie borough) and allow him to name executive councillors in addition to three elected by citizens, essentially giving him veto power. In response to this power grab which would reduce his authority to virtually nothing, Labonté quit the Union Montreal party to become leader of the opposition Vision Montreal party.
At the city council meeting on Monday, April 28th, the Griffintown PPU passed virtually unopposed. During the proceedings, Le Devoir reporter Jeanne Corriveau caught this exchange between the warring mayors, prompted by a citizen’s question about whether the Quartier des Spectacles project would pass to the OCPM for a proper citywide, arm’s-length review process:
Plus tôt en soirée, le maire de l’arrondissement de Ville-Marie, Benoit Labonté, a annoncé son intention de demander au comité exécutif de confier l’étude du PPU du Quartier des spectacles à l’OCPM. L’arrondissement avait déjà indiqué qu’il tiendrait une séance de consultation publique locale le 5 mai prochain, mais le maire Labonté estime que l’ampleur du projet justifie que l’Office s’en mêle. D’autant plus, a-t-il tenu à préciser, que l’administration a fait savoir récemment qu’elle avait demandé à Québec d’amender la Charte de la Ville pour faire en sorte que tous les projets de développement d’envergure régionale soient automatiquement confiés à l’OCPM.
Sa demande a reçu un accueil glacial de la part du maire Gérald Tremblay: «C’est encore une autre astuce du conseiller Labonté pour retarder les échéances, sachant très bien que j’ai pris l’engagement de réaliser le Quartier des spectacles dans les plus brefs délais», a déclaré le maire. Malgré cette réponse, M. Labonté entend soumettre sa demande au comité exécutif le mois prochain.
This puts more weight behind speculation that the city administration has as many as seven PPUs for private development projects in the pipeline, and that the OCPM isn’t going to be let near any of them. From what we have heard from experts occasionally called to advise the OCPM, their role is being minimized, there’s no fulltime staff to oversee the projects, and the city’s urban planning resources have now been scattered in a part-time fashion to the boroughs.
Municipal elections are Nov 1, 2009.
Il est vrai que les divers processus de consultation publique et commissions spéciales, tout comme la bureaucratie des divers palliers de gouvernement puissent retarder considérablement certains projets. Surtout lorsque cette bureaucratie est complexe et enchevêtrée, et que plus d’un pallier soient impliqués plus ou moins directement, pour des questions financières et/ou de régulation.
C’est le cas du Quartier des spectacles, du Quartier international et du « boulevard urbain Notre-Dame ».
Souvent des promoteurs / investisseurs se découragent en raison de divers obstacles / contextes défavorables, et finissent par opter pour investir ailleurs… où ils voient moins d’obstacles à la concrétisation de leur projet.
Plusieurs sièges sociaux d’entreprises ont été construits à Toronto en raison de la lourdeur bureaucratique montréalaise et du contexte référendaire québécois, donnant temporairement à l’ex-métropole canadienne une réputation « d’immobiliste » à l’échelle nord-américaine !
Pour que des projets d’envergure voient le jour au Québec, il est souvent question de délais de plusieurs mois, voire parfois des années. Les délais tendent trop souvent à se multiplier, comme en font foi les deux super-hôpitaux, dont le CHUM accuse un retard dépassant les 10 ans. Et que dire du projet de « modernisation de la rue Notre-Dame », dont l’âge « vénérable » dépasse les 30 ans ? (!)
S’ajoutent à ces obstacles l’instabilité et l’immobilisme partisans, surtout en période pré-électorale. Et il y a pire : certains projets sont considérablement retardés ou relégués aux oubliettes suite à l’élection d’un nouveau gouvernement de l’un de ces palliers !
Malgré tout ces « hics », lorsqu’un projet est adopté de façon précipitée suite aux représentations d’un ou des promoteurs / investisseurs et sans prendre en compte (ou trop peu) les besoins des populations desservies par ET avoisinant ledit projet, on assiste souvent à des bévues monumentales, tels :
> le stade Olympique, qui a fini par coûter au bas mot 2 milliards et qui n’est utilisé que pour une poignée d’événements annuels ;
> l’autoroute Bonaventure, qui devra être déplacée à grands frais pour permettre l’appropriation d’un site en bordure du fleuve au potentiel urbanistique, écologique, résidentiel, récréo-touristique et financier énorme ;
> d’avoir rasé presque tout l’îlot Overdale en vue de construire des tours à condos qui n’ont guère vu le jour, ayant créé une vaste plaie visuelle à l’orée ouest du centre des affaires ;
> la réalisation et le réaménagement de plusieurs parcs en places publiques bétonnées, avec des arbres en quadrillé, alors que les citoyens ne cessent de crier au manque de verdure en milieu urbain (les places Émilie-Gamelin et Gérald-Godin illustrent bien cette tendance déshumanisante);
> et j’en passe !
Je crois qu’il y a lieu de trouver un compromis, de nouvelles façons plus efficaces de consulter. Ne plus jamais devoir attendre 6 mois ou un an avant qu’un rapport ne soit publié. Que les rapports n’aboutissent plus sur les tablettes (à moins que toute leur conlusion soit de toute évidence illogique). Investir davantage dans l’OCPM afin que les ressources humaines soient à la hauteur de la tâche parfois colossale d’une consultation pour un projet d’envergure tel Griffintown.
Dans presque tous les cas, les retombées économiques et autres dépasseraient largement l’investissement, alors aucune raison de reporter des projets d’intérêt public et privé des années durant !
Divers organismes ont déjà développé de solides expertises en la matière. On n’a qu’à penser aux BAPE, CIRQ et autres instances provinciales et locales ayant fait leurs preuves (lorsque libres de pressions de la part de promoteurs de projets et/ou des palliers de gouvernement, évidemment).
Et de grâce, évitons de ne laisser que quelques semaines de délai pour la rédaction de mémoires des citoyens, organismes et promoteurs (ce fut le cas lors de la consultation « bâclée » de l’arrondissement Sud-Ouest pour le PPU Griffintown)… et évitons à tout prix quelque consultation publique que ce soit en période électorale, ou de festivals et de vacances estivales (soit de la mi-juin à la fin du week-end de la Fête du travail)!
Souhaitons une fin rapide et définitive : à l’immobilisme ; à la partisanerie ; au manque de transparence et aux réunions à huis-clos du Comité exécutif ; aux projets pré-approuvés ou trop hâtivement ; aux consultations-bidon ; ainsi qu’au manque de vision !